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HRP 2018 : Massif des Encantats – 3/4

Lac du Cap de Rencules

Les Encantats se trouvent dans le Parc National « d’Aigüestortes i Estany de Sant Maurici »

Cette année, je pars avec Francis qui vient de quitter son travail et qui aime la montagne et l’effort physique.

Objectif : Continuer la traversée des Pyrénées d’Ouest en Est en reprenant exactement à l’endroit où j’avais arrêté l’an dernier : c’est à dire le Refuge de Conangles, au sud de Viella dans le Val d’Aran.

Carte interactive

Carte HRP


.. Dimanche 24 juin – Le Haillan > Conangles : départ à 9 heures en BlaBlaCar de la maison jusqu’à la gare de Lannemezan, puis taxi pour Montréjeau, bus pour Marignac et autostop sans trop d’attente, 10 minutes max, avec 3 voitures différentes et des conducteurs pour le moins originaux (je résume, car les détails n’ont d’intérêt que pour Francis et moi !!!). La dernière voiture nous dépose vers 16h30 à 300 m du Refuge de Conangles. Ballade sans les sacs dans la montagne pour se dégourdir les jambes. Il fait beau et l’air est pur, on est à 1550 m et ça se sent. Le Haillan est déjà loin.


Bon repas en compagnie de qqs randonneurs, un Allemand bougon attire notre attention, il râle contre son guide GR11 qui n’indique pas les bons temps de marche ! râleur mais pas antipathique, il a un gros appétit, se ressert deux fois de tout et avale la moitié de ma portion de poulet que je n’arrive pas à terminer. Son anglais est un peu approximatif, je décide de l’appeler « Helmut ». A chaque fois il me reprend car il s’appelle Erich. Il a tendance à rire fort et sans raison ce qui est communicatif.
Il est intriguant et on se demande s’il n’est pas plus intelligent qu’il ne le laisse paraître.
Bonne nuit en petit dortoir, le confort en bord de route ! il nous tarde de rentrer dans le vif du sujet.

Lundi 25 juin – Conangles 1555m  > La Restanca 2010 m : tidéj à 7 heures et montée tranquille et bucolique jusqu’au Lac Tort de Rius. Grosse claque ! le lac est glacé et le paysage recouvert de neige … féérique, on pose les sacs, on dégaine nos portables et on  mitraille. Francis regrette de ne pas avoir emporté son Nikon.
La neige étant plutôt molle et le dénivelé faible, on ne chausse pas les crampons. Pas de problème d’orientation et arrivée un peu raide au refuge de la Restanca. Assez ancien au bord d’un petit Lac de barrage, on y rencontre un Iranien, des Québécois et des Israéliens. On sympathise avec l’Iranien, informaticien de 50 ans environ, qui a quitté son pays à l’âge de 16 ans en pleine révolution, et vit à Londres après un passage de 5 ans par la Californie. Il ne part se coucher qu’après avoir eu le résultat du match Portugal – Iran (1-1 Iran éliminé) par le gardien du refuge qui est le seul à ne pas être coupé du monde (WIFI).

Mardi 26 juin – La Restanca > Colomers 2115m : départ vers 8 heures, belle montée, très raide. Nous sommes une dizaine de marcheurs à nous suivre à la queue leleu. Arrivés au col d’Oelhacrestada 2475m, la neige à nouveau partout et une vue superbe sur les Etangs Monges et Mangades. Un des Israéliens, le plus jeune, avait pris de l’avance et jouait du youkoulélé tout en préparant du café pour ses 2 copains moins à l’aise dans la montée. Encore un passage qui va rester gravé pour longtemps. On s’enflamme, et aimantés par les lacs on fait fausse route vers le refuge de Ventosa au sud. On s’en rend compte suffisamment tôt, mais en rajoutant un bon kilomètre, on se retrouve seuls marcheurs dans une neige immaculée. Jusqu’au Port de Caldès le paysage est magnifique, on chausse les crampons car il y a du dénivelé et bcp de neige, on voit à peine le sommet des poteaux indicateurs du chemin (c’est dire qu’il y a au moins un mètre de neige).
On rattrape l’Iranien en chemin, il marche en solo et doit dormir ce soir au Refuge de Saboredo plus loin. Arrivée facile par un joli chemin au refuge de Colomers. Il est tôt, 15 heures et le temps radieux, alors on pose les sacs et nous voilà repartis pour un tour du lac du Lac de Colomers. On monte jusqu’à l’étang Mort puis dans un torrent glacé on se fait une séance de cryothérapie excellente pour nos pieds et nos mollets.

Le retour au refuge est un peu scabreux et on est content de flemmarder au refuge après une douche glacée (on avait oublié ? d’acheter un jeton). Repas correct sans plus, à notre table un Français est intarissable, il a fait tous les sommets, tout vu. On reste calmes et tolérants, on l’écoute.

Merc. 27 juin – Colomers 2115m > Amitges 2357m : Pour ce 3ème jour de marche, vu qu’on est en forme on a envie de rallonger un peu en passant par le Col de Podo au lieu de suivre le GR11. On remonte à l’Etang Mort, puis vers l’Etang des Gargolhes de Naut, le sentier est souvent sous le niveau du Lac ce qui nous oblige à faire du hors piste dans la neige, pas de marques visibles, et le lac en contrebas… le plongeon en eau glacé ne nous tente guère. Francis plus prudent que moi, me conseille de rebrousser chemin et je me range à son avis. D’ailleurs nous sommes les seuls randonneurs sur cette zone et si j’avais été seul, j’aurais surement été moins hardi.
On rejoint le GR11, belle montée jusqu’au Col de la Ratera, des champs de neige à perte de vue. On retrouve Erich KAGER le médiator de Munich, il s’occupe des couples qui divorcent… on échange nos coordonnées .. on ne sait jamais ah ah ah !!! clin d’œil à nos deux coquilles qui marchent sur le chemin de Santiago quelque part entre Fontarrabie et Bilbao.
On picnic juste après le port de la Ratera à 2592m, vue superbe et la météo est avec nous : ciel bleu et température idéale. Deux solutions pour rejoindre le refuge d’Amitges : un chemin court et très enneigé à flanc de montagne et un autre plus long et sans doute plus facile. On choisit le plus court, on chausse les crampons et en avant ! Francis n’est pas très rassuré, ses crampons n’accrochent pas assez, il aimerait avoir un piolet et il a un peu le vertige. Moi je n’ai jamais eu de piolet, je n’ai pas le vertige mais je ne suis pas rassuré par les tonnes de neige qui se trouvent au-dessus de nous. Soudain derrière moi, Francis glisse de 3 mètres, grosse frayeur, il aurait pu descendre sur 100 mètres ! On redouble de prudence et par un sentier magnifique et peu emprunté (aucun autre marcheur) on arrive vers 17 heures au très joli refuge d’Amitges sous les aiguilles de Bassiero.

Il y a du monde au refuge, bonne ambiance et excellent repas. Grand dortoir de 50 personnes. On discute un peu avec un groupe d’ados Américains, Leur programme : 1 semaine de rando dans les Encantats, 1 semaine de rando en Autriche et 1 semaine de rando en Suisse, ils vont péter la santé !!

Jeudi 28 juin – Amitges > Refuge Josep Maria BLANC  2350m : Cette étape n’était pas prévue, mais plusieurs randonneurs nous l’ont vivement conseillée. Belle descente jusqu’au refuge de Mallafré au bord de l’Etang de Sant Maurici. Deux chemins possibles : l’un par le Col de Monestero 2716m et gavé de neige, l’autre plus long mais sans neige. Sur les conseils du gardien du refuge de Mallafré on assure en choisissant ce dernier. Le sentier à l’ombre est fort agréable, on marche de niveau sur une ancienne voie de wagonnets destinés à extraire des minerais, un premier tunnel éboulé, on le contourne et on retrouve la piste, puis un 2ème tunnel , puis un 3ème etc… et à chaque fois c’est la galère, des dévers très raides où l’on s’accroche au moindre buisson, à la moindre touffe d’herbe. Francis n’est pas rassuré. Il croit que nous sous sommes perdus mais à chaque fois on retrouve le sentier.

Vers 13 heures on attaque une longue montée vers le refuge. Picnic au bord d’un barrage où des Espagnols nous offrent des fruits, un régal. L’arrivée est surprenante, le refuge est un chalet en bois, au bord d’un lac comme sur une carte postale. Un groupe de marcheurs Français a pris possession du lieu. Ils sont sympas mais vers 22 heures, qqs Espagnols râlent et leur font savoir sur un ton très désagréable.

Vendredi 29 juin – Refuge J.M. BLANC 2350m > Espot > Esterri d’Aneu 960 m : Grosse descente par un joli sentier, le petit village d’Espot à 1350 m nous rappelle que la civilisation existe : retrait d’argent, achat de fruits, on prend un pot et c’est reparti par le GR11. Il fait chaud, mais le parcours agréable. A Jou, un VTTiste nous donne de l’eau et nous conseille un petit chemin pour rejoindre Esterri d’Anéu. On se loge à la Pension CREU, petit hôtel confortable, bon accueil et bons conseils.

On est dans une petite ville de 1000 habitants environ , à 980m il fait chaud, l’air est moite et lourd. On a quitté la montagne, on retrouve les touristes, les gens qui se promènent, la politique, les drapeaux « libérer nos prisonniers », « vive la republique Catalane », les bars, une bonne bière, olives et tortilla… ça sent le retour !  Plus que deux jours de marche.

Samedi 30 juin –  Esterri d’Aneu 960 m > Refuge Fornet 1350m : 8 heures petit déjeuner excellent, très joli chemin au-dessus de la route. On traverse de jolis petits villages dans cette vallée cul de sac, pas de passage pour la France, donc très tranquille. Petite douleur au pied gauche qui disparaît dans la journée. J’avais pas dû assez serrer la chaussure. On se fait doubler par des VTTistes engagés sur une course de dingues autour du massif des Encantats : 213 km ! Plus de 100 coureurs, les écrats sont énormes. Arrivée vers 15 heures au joli refuge del Fornet tenu par un couple Tchéco – Slovaque fort sympathique. Farniente et bains de pieds et de mollets à la rivière. Le soir très bon repas avec deux vrais montagnards : un ancien pompier volontaire montagnard de toujours et observateur de la faune et la flore et puis Marc qui fait l’HRP en solo de Banyuls à Hendaye. Cette année, il en bave à cause de la neige et l’absence de marques. Très sympa, très bien équipé, boitier SPOT et panneau solaire, sac de 17 kg ! C’est un passionné, communicatif, solide.

 

Dim. 1er juillet  –  Refuge Fornet 1350m > Salau en France 850m : dernière étape, 7ème jour de marche, on est motivés, on ne sent pas la fatigue. Excellent petit déjeuner. Jambon serrano de qualité, café de bar à volonté et toujours le sourire des gardiens du refuge +++
Départ vers 8h30, montée raide de 750m. Bien prévenus, on  a été très vigilants avec  les marques rouge et blanc du GRT, chemin de la liberté très emprunté lors des guerres Carlistes et Franquistes. Arrivés à 10h30  au Port de Salau à 2090m. Qqs photos des ruines d’une ancienne usine de transport du bois entre Bonabé et Salau. L’usine est arrêtée depuis 1917 et les 9 km de câble ne servent plus. Longue descente, 1200m de dénivelé négatif, au passage on s’arrête à la cabane de Lalanne bien aménagée pour y passer une nuit. Rudimentaire tout de même. On s’arrête le temps de prendre de l’eau à la cabane Pouill occupée par le berger. Puis la belle cascade du Léziou pour se rafraîchir et arrivée au village de Salau en pleine chaleur.

A Salau, on tape le stop – un couple s’arrête, on leur paie un pot et le mari sympa nous raconte sa vie en toute simplicité. Boulanger allergique à la farine, le service militaire lui fait connaitre d’autres expériences et au retour il quitte sa Normandie pour une nouvelle vie de jardinier paysagiste dans le Midi. etc.. etc… Après une bonne demie heure de conversation, on monte dans la voiture et ils nous déposent à 35 km de Saint Girons. Ensuite la première voiture qui passe s’arrête, finalement même mal rasés on inspire confiance avec nos 2 gros sac à dos.
C’est un Portugais qui va fêter ses 48 ans ce jour-là à la ville, qui nous embarque dans sa petite voiture qui déborde d’objets divers et variés., Il habite seul en France et sa famille est restée au sud du Portugal ou au sud de l’Espagne. Peu bavard, il nous a pris pour rendre service, c’est tout.

Il nous dépose en plein centre de Saint Girons, on pose les sacs et on téléphone à nos deux coquilles. Tout va bien, on va souffler. On se trouve un bon hôtel, un bus pour Toulouse le lendemain, puis un blablacar.

Lundi 2 juillet  –  Saint Girons > Le Haillan : à pied on traverse le centre de Saint Girons, petit déj à un café puis le bus pour Toulouse. Il nous dépose à la gare de Matabiau où vers midi notre voiture Blablacar finit par arriver avec une heure de retard.  Pas grave, nous avons le temps et j’aime ces ambiances de lieux où les gens d’horizons très différents se croisent et partent pour un ailleurs qu’ils craignent ou qu’ils espèrent meilleur.
Notre conductrice est très jeune et conduit pour la première fois la voiture de sa copine. Les deux sont des Guadeloupéennes ‘’blanches’’ et la première demi-heure ressemble à un cours d’auto-école ! Elle cale plusieurs fois… puis sur l’autoroute elle ne descend pas sous les 150 avec des pointes à 165 km/heure. On finit par s’y habituer. Après la première pause, l’ambiance est plus détendue, elles sont en confiance. Déposés à la gare Saint Jean, deux tramways plus tard nous arrivons au Haillan où nous accueillent nos deux coquilles !!!

 

Carte interactive Carte HRP


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