Tout a commencé au Japon.
Tokyo – déc. 1978, je rencontre Jean-Michel B. par hasard à Tokyo. Il est Français, il vit au Canada et il vient visiter le Japon et travailler sur l’archipel d’Okinawa.
Moi, je viens de travailler un an en Australie et j’ai l’intention de découvrir le Japon.
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On se croise dans une auberge de jeunesse « Okubo house » dans le quartier de Shinjuku, où il attend ses bagages que la compagnie aérienne a oublié d’embarquer. On discute un peu, puis nos chemins se séparent ; nous n’échangeons ni adresse ni 06 (le téléphone portable n’existait pas)
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Tokyo – janvier 1979, je rencontre Yukiko K. dans un atelier de conversation en anglais que j’animais.
Nous sympathisons et elle deviendra mon garant pour l’obtention d’un visa culturel pour la pratique du karaté. Cela m’a permis de rester un an au Japon. Encore merci.
Décembre 1979, je rencontre Gilles C. un autre Français qui vit à Tokyo.
Il avait vécu au Canada où il avait planté des arbres en Colombie Britannique. Il me transmet une mine de tuyaux pour aller tenter l’expérience.
Lui, après un an au Japon partait maintenant pour la Péking ou Shanghai, étudier la médecine chinoise. Nous n’échangeons pas nos adresses qui n’ont rien de fixe d’ailleurs. Plus de nouvelles, mais qui sait ? avec le hasard ?
Canada – Février 1980, ayant appliqué à la lettre les conseils de Gilles C. je plante maintenant des arbres dans le nord de l’île de Vancouver en Colombie Britannique.
Gilles et Sky – votre serviteur – et en bas : la crew de Théo
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Dans l’équipe des tree planter, un Québécois Gilles L. fait embaucher un de ses amis. Gilles m’informe que cet ami est Français et qu’il adore le Japon. Ça tombe bien, je l’informe que je viens de passer un an au Japon.
Dès l’arrivée de cet ami, je me retrouve le soir même, en face de lui à la cantine. Fatigué par sa première journée de planting, il attaque le repas sans un mot.
Je lui lance un bon appétit en japonais « itada kimasu » qui le scotche. Dans un Japonais parfait, il se confond en excuses. Perplexe, il me dit m’avoir déjà vu quelque part …
Okubo house ! Bingo ! c’est Jean-Michel ! Quel hasard !!!!!
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De retour à Vancouver, entre deux contrats de planting, Jean-Michel me loge.
J’en profite pour passer à la grande poste, vérifier s’il n’y aurait pas du courrier en poste restante. Oh surprise, une lettre de Yukiko m’informe qu’elle est inscrite dans une école privée pour étudier l’anglais à Vancouver, qu’elle logera chez un couple de retraités dans la banlieue sud de la ville et la date et heure de son arrivée (just in case). Ouaaou ! elle arrive demain.
Jean-Michel et moi allons l’accueillir à l’aéroport, nous l’invitons à passer à la maison, mais comme elle s’y était engagé, elle repart avec le couple de retraités.
3 heures plus tard, quelqu’un frappe à la porte, c’est Yukiko qui troublée, nous dit qu’elle ne veut pas rester avec le couple. C’est loin de Vancouver, ils sont un peu sévères et la maison est triste.
Jean-Michel signe une décharge sur le capot de la voiture du couple pour qu’ils n’aient pas d’ennuis s’il arrivait quoi que ce soit à Yukiko.
Jean-Michel la loge quelques jours et nous repartons loin de Vancouver planter des arbres jusqu’à fin juin.
Juillet 1980, nos routes se séparent à nouveau. Je traverse le Canada en stop pour visiter le Québec.
Puis je visite NougaYork, la grosse pomme avant de rentrer en Europe et boucler ainsi mon premier tour du monde qui aura duré 3 années.
Février 1982, je retourne au Canada refaire une saison de planting.
Je retrouve Jean-Michel maintenancier dans une grande tour de Vancouver, et Yukiko guide au Canada pour touristes Japonais.
Planter des arbres, j’y ai pris goût : c’est physique, l’ambiance est bonne, on dort en tente dans la nature, les repas sont fournis et préparés par le ou la cook de l’équipe. Et ce qui ne gâte rien, c’est bien payé.
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Sep. 1982 J’embarque sur le Stefan Batory, paquebot polonais reliant Montréal à Londres puis Gdansk en Pologne.
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de 1982 à aujourd’hui : je n’ai pas tous les détails, en voici un très bref résumé
Yukiko et Jean-Michel se sont mariés et sont venus nous voir à Bordeaux à l’été 2000.
Après plus de 20 ans de vie commune, ils sont maintenant séparés et sont restés très bons amis.
De mon côté, le hasard a eu la bonne idée de me faire rencontrer Flo et nous avons deux grands garçons aventuriers et aux vies bien remplies.
Maintenant, tous les quatre Yukiko, Jean-Michel, Flo et moi, nous n’avons plus besoin de compter sur le hasard pour nous revoir. A la prochaine.
Nos vies sont des romans, le hasard les pimente.
rédigé par Michel G. alias Gilles C.