Nous partons chercher la fraîcheur dans les montagnes du Kurdistan iranien, hors des sentiers battus ; Pour y découvrir les petits villages kurdes et la fameuse vallée d’Howraman. Départ d’Ispahan en bus couchette, il nous faudra 10 heures de route pour remonter vers le nord et traverser les monts Zagros où culminent des sommets à plus de 4000 mètres. .
1° étape : SANANDAJ la capitale du Kurdistan iranien.
La ville compte 400.000 habitants et est à 1500 mètres d’altitude, on cherche encore la fraîcheur !!.
La longue et mauvaise nuit que nous passons dans le bus nous fait sentir l’éloignement ! les noms comme Kurdistan et Irak me font revenir en mémoire la guerre Iran / Irak. Nous ne sommes pas totalement rassurés.
Dans le bus nous discutons avec une jeune Iranienne qui doit passer des examens d’anglais dans la matinée. Nous sommes très surpris car c’est tout de même à plus de 500 kilomètres. Comme si l’on devait passer un examen à Lille en habitant Bordeaux !!
Dès l’arrivée, le changement est radical ; à la gare les chauffeurs de taxis sont en tenue traditionnelle : pantalon bouffant, style sarouel et turban …
Pendant 7 jours au Kurdistan nous ne croiserons aucun touriste étranger !
Le 1er hôtel un peu excentré sur une colline est le bon : le Sanandaj Tourism hotel … exceptionnel !
Les rues sont bondées de kurdes en tenue traditionnelle et d’étals de vendeurs ambulants, fruits et légumes en abondance : cerises, pêches et pastèques, … la chaleur est toujours aussi étouffante. Le bazar couvert apporte un peu de fraîcheur, les vendeurs nous interpellent et nous invitent à prendre le thé. Nous acceptons cette fois ci et sommes installés sur des tabourets improvisés au milieu d’énormes ballots de laine. Le vendeur nerveux s’empresse d’appeler un ami parlant un peu anglais. Ils sont heureux d’avoir des étrangers ! quel accueil !
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2° étape : départ pour MARIVAN : Open, Open !!!!
Il est 8h30 à la gare de bus : des chauffeurs de taxi nous proposent un parcours « Dar Bast » (portes fermées, c’est à dire le taxi en mode privatif) pour Marivan à 1 million et 50.000 rials (environ 7 euros). Pour le principe Mig marchande pour l’obtenir à 1 million tout rond. Le groupe de chauffeurs palabre et le ton monte . Nous rentrons dans la gare et là je m’éclipse pour une pause pipi ; 5 minutes plus tard je vois au loin Mig entouré des chauffeurs toujours pas d’accord; mon sang ne fait qu’un tour, j’accours et je tape sur le capot du taxi en criant : « open, open !! » nous récupérons les bagages… et allons directement vers un mini bus presque complet qui n’attendait que 2 voyageurs pour partir. Nous voilà maintenant assis pour 90.000 rials dans le minibus pour Marivan. les voyageurs sont paisibles et contents de pouvoir enfin démarrer et nous contents d’avoir fait un pied de nez à cette bande de « taxis »!.
Le minibus peine dans les côtes, on roule capot ouvert… Ce n’est pas un bus VIP, mais 2h plus tard nous arrivons à bon port. .
A Marivan, petite ville sans charme, très proche de la frontière Irakienne, nous choisissons un hôtel qui dispose de bungalows avec une vue superbe sur le fameux lac Zribar. Nous avons l’impression d’être parachutés en Suisse.
Le soir nous descendons à pied sur la promenade du bord du lac et là nous retrouvons les familles et les jeunes qui viennent se rafraîchir dans une ambiance kermesse des années 50.
Beaucoup s’approchent de nous pour discuter. Certains sont très bien habillés en tenue traditionnelle avec beaucoup de prestance.
3° étape : En route pour la vallée d’Howraman
Nous reprenons le taxi de Kawa, le chauffeur de la veille, qui pour 800.000 rials (6 euros) nous conduit au village de montage de Howraman Takht. Deux heures de route à travers des paysages de montagne grandioses.
Déçus par le petit village d’Howraman, plutôt endormi et sans charme, nous décidons de continuer notre route jusqu’à Paveh. Pour cela nous prenons un autre véhicule car les freins de la voiture de Kawa ne sont pas assez sûrs !!! il nous l’avait caché !
Ceci augure des routes plus hautes et plus difficiles. il faudra passer des cols.
Les paysages proches de la frontière Irakienne sont à couper le souffle.
Nous passons deux postes de contrôle militaires situés à moins de 5 km de l’Irak. On n’en mène pas large, mais tout se passe bien sans avoir à montrer le passeport . Il y a parait-il beaucoup de contrebande et donc du bakchich pour ceux qui contrôlent.
Le Kurdistan irakien est beaucoup plus riche. 35 millions de Kurdes sont réparties principalement sur 4 pays : Turquie, Iran, Irak et Syrie. Beaucoup rêvent d’un pays autonome mais aucun ne souhaite de guerre avec l’Iran avec qui ils s’entendent bien. (c’est ce qu’ils nous disent).
4° étape : Belles rencontres à PAVEH
Au premier coup d’œil, malgré une chaleur de plomb, la petite bourgade de Paveh, perchée dans les collines, nous plait. Le chauffeur nous dépose dans l’unique hôtel de la ville, tout en haut.
Après les heures chaudes, nous descendons au centre. Pour s’y rendre, impossible de se perdre, il n’y a que deux rues, celle qui monte et celle qui descend.
Les rues se remplissent de monde dans ce carrefour commerçant ou les habitants font leurs course le soir.
Impressionnés, nous ne pouvons faire un pas sans qu’on nous demande notre nationalité et où nous allons, suivis de « Salam, Welcome to Kurdistan ». Ce sont des hommes plutôt grands et burinés qui nous abordent. Et soudain ….
Et soudain, Tania, une jeune fille de 14 ans très sympathique, à la coupe garçonne et sans voile, nous aborde. Elle parle couramment l’anglais avec un accent de série américaine, elle nous dit sa révolte contre le voile islamique et nous propose de nous amener à son institut privé. On arrive dans le hall d’entrée, en pleine réunion informelle des professeurs en présence du directeur. En nous voyant, ils stoppent leurs discussions, nous proposent une chaise et nous bavardons spontanément. Nous sommes surpris par leur gentillesse et l’intérêt qu’ils nous portent. Ali, le directeur, 34 ans, nous invite à revenir plus tard à la fermeture..
Vers 20H30, nous montons dans sa voiture, un SUV neuf et rutilant (assez rare dans le pays) et il nous conduit au restaurant, une maison ordinaire sans enseigne ni pub. En entrant le personnel et les clients le saluent. Ce sont des salles privées sans table ni chaise, nous mangeons assis sur le tapis une excellente truite posée sur une nappe fine.
Mig gigote car il supporte mal la position assis tailleur ah ah.
Nous discutons à bâtons rompus,dans la bonne humeur comme si nous nous connaissions depuis longtemps. Ali a créé son école privée il y 7 ans et compte maintenant 800 élèves et emploie 35 professeurs. Les élèves viennent dans cet institut se perfectionner dans certaines matières et combler les carences de l’école publique. Il était prêt à m’embaucher comme prof d’espagnol !
Nous abordons tous les sujets sans tabou même sur sa vie privée. Pas le temps de trouver une épouse nous avoue -t-il !
Ensuite il nous amène sur les hauteurs de la ville, déguster une glace et admirer la ville de nuit toute illuminée. une soirée magique !!!
Puis, Ali nous présente à une de ses amies qui pourrait nous héberger.
Dès le lendemain, nous quittons l’hôtel Eram et aménageons chez Chnoor au dessus de la halte garderie qu’elle gère.
Nous cherchons désespérément lits, drap, oreillers, serviette. Nous dormirons à la Kurde, directement sur le tapis, c’est un peu spartiate mais diablement plus sympathique que l’hôtel ! Heureusement en bons voyageurs, nous avons toujours dans nos bagages drap de soie et petite serviette de toilette.
Chnoor, la quarantaine et divorcée, ne parle pas un traître mot d’anglais. Elle nous parle en kurde aussi vite que si nous comprenions… On devine qu’elle nous donne rendez vous à 16 heures pour aller au jardin ??….. pourquoi pas, les Iraniens raffolent des jardins publics pour la verdure et les picnics.
Avec un peu de retard, nous partons en taxi à quelques km de Paveh au bord d’un ruisseau. On imaginait une sortie au parc public et nous sommes en train de marcher entre potagers et vergers bien irrigués ; on apprécie la fraîcheur. Oh surprise ! nous voici arrivés dans le potager de ses parents qui nous accueillent avec simplicité et gentillesse . Nous nous installons sur les tapis et savourons un thé.
Après le thé, promenade dans les vergers puis de manière imprévue (pour nous) nous partageons un repas traditionnel feuilles de vigne farcies et poulet grillé. L’ambiance est détendue et la jeune fille de 12 ans n’hésite pas à communiquer avec le peu d ‘anglais qu’elle a appris à l’école et elle traduit pour la famille. En fin de soirée, le frère de Chnoor nous ramène en voiture à l’appartement. Il doit émigrer en Allemagne avec sa femme le mois suivant. Nous sommes très surpris qu’il ne parle pas du tout ni anglais ni allemand.
Beaucoup souhaitent quitter leur pays car il y a beaucoup de chômage et la situation économique est très difficile à cause des sanctions imposées par le Etats Unis.
Après toutes ces aventures, la suite de notre voyage risque de nous paraître bien terne.
Notre choix se porte sur Palangan, un petit village de 900 habitants, mentionné sur le guide Lonely Planet.
5° étape : Palangan le village kurde.
Très beaux paysages, tout le long jusqu’au village de Palangan.
Au pic de la chaleur caniculaire, notre chauffeur nous dépose sur un parking paumé non loin du village (que nous ne voyons pas) car l’accès au centre est très difficile pour les voitures. Il nous indique un chemin et nous lui faisons confiance. Mig tire les deux valises car je me suis tordu la cheville. Il reste 800 mètres à parcourir pour découvrir enfin la rivière et le très joli village. Nous nous posons dans l’unique restaurant ; en plein air (chaud), congestionnés, nous nous affalons sur le tapis et récupérons en attendant la spécialité locale : la truite grillée !!
Il n’y a pas d’hôtel dans le village et nous logeons de nouveau chez l’habitant : pas de lit, pas de matelas, pas de draps,pas d’oreiller, pas de serviette mais une bonne douche et le tapis avec l’habitude devient moelleux.
Le lendemain nous repartons pour Kamyaran, puis Sanandaj en taxi collectif.
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Sanandaj, un vendredi jour de repos, à partir de 18 heures, les parcs sont bondés,
Au parc Abidar, on prend le thé et on dîne avec eux.
Aux sorties du parc, certains vendeurs proposent des tours Eiffel (Bourge Eiffel), irréel, la France est un pays ami des Kurdes depuis l’époque de Mitterrand.
Dernière étape : nous prenons un bus pour rejoindre Téhéran (7 heures). Nous y passerons 48 heures pour effectuer les derniers achats et nous avons rendez-vous pour l’avant-dernière soirée avec un couple d’Iraniens de la quarantaine connaissance de nos amis espagnols. Saeed est entrepreneur et Shoreh directrice commerciale; ils voyagent beaucoup dès qu’ils peuvent et pratiquent le coach-surfing pour rencontrer des étrangers.
Nous passeront avec eux 2 soirées exceptionnelles qui clôturent en beauté notre séjour en IRAN, ce pays aux multiples visages.
Conseil pratique :
le Sanandaj Tourism hotel … exceptionnel !
bonnes chambres, et énoooorme petit déjeuner buffet
A Marivan : le Marivan tourist hôtel même propriétaire que le précédent, mais la cuisine est moins bonne.
Karoon hôtel , rue Ghaffari à Téhéran
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Carte interactive de notre parcours :
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