9 sept. 2019, il me reste environ 20 jours de marche pour finir la traversée et atteindre la Méditerranée.
J’ai déjà marché 29 jours pour atteindre l’Ariège depuis Hendaye par l’HRP, le GR10 et le GR11.
Rappel des tronçons précédents :
juin 2016 : de Hendaye au Pic du Midi d’Ossau .. 12 jours – dont les 6 premiers avec Flo
août 2017 : de l’Ossau au refuge de Conangles (Vielha – Val d’Aran en Espagne) . 10 jours
juin 2018 : de Conangles à Salau (Ariège) …. 7 jours avec Francis et beaucoup de neige.
Je prévois encore 3 bonnes semaines pour atteindre la Méditerranée.
Pour seul entrainement spécifique cette année, deux sorties avec sac à dos à 8 kg, sur les coteaux de Camarsac, soit 12 km et 250 m de dénivelé. Lors de la seconde sortie, les bottes que j’avais déjà mis l’année dernière me déclenchent des douleurs terribles au talon gauche. Et comme dabe, j’attrape un terrible mal au dos une semaine avant le départ prévu pour le 9 septembre.
Au final, 2 séances de kiné et je pars avec les anciennes Lowa bien usées.
Flo a décidé de m’accompagner la première semaine. Je prévois des étapes un peu plus courtes ce qui est idéal pour notre remise en jambes.
Lundi 9 sept. : Salau – Rouze : Après 15 jours intenses de BnB, nous partons en voiture tôt le matin, pour Salau, petit bourg au sud de Couflens en Ariège. Le Salat, rivière qui arrose Saint Girons y prend sa source.
Nous laissons la voiture près de l’Auberge des Myrtilles, ici pas de problème de stationnement.
Vers 15h00, chaussés et sac sur le dos, nous commençons à marcher.
1 heure de descente sur une petite route goudronnée, puis 1 heure de montée par un petit sentier bien ombragé et nous voilà au gîte ferme de Rouze.
Nous avons droit à la seule chambre, les autres sont en dortoir, et en prime une vue imprenable sur le mont Valier. Le soir, repas gastronomique avec uniquement des produits de la ferme qui possède un beau potager, des vaches et des veaux, 5 ou 6 cochons et 50 chèvres.
Nous ne pouvions rêver de meilleure entrée en matière !
J1 – Mardi 10 sept. : Rouze – Saint Lizier : démarrage à 9h30, le ciel est bouché, il pleut et après une première côte très ariégeoise (raide) petite erreur de sentier … je me fie à l’appli GPS de mon téléphone portable au lieu de rechercher les marques rouge et blanc du GR10. On se retrouve sur des pentes herbeuses très glissantes à suer le burnous comme pa2. Après 30 minutes de galère, on retrouve le GR10, ouf !!.
Vers midi on arrive à la cabane du col de la Serre du Cot où l’on se réfugie pour un picnic à l’abri de la pluie et du vent. Cabane récente, très propre et idéale pour un bivouac.
Vers 15h30 nous arrivons à Saint Lizier d’Ustou, petit village avec camping, alimentation et deux gîtes. Nous choisissons le Gîte d’étape de la Coline Verte tenu par un gardien peu aimable qui diffuse assez fort de la musique classique (opéra, cantates). Ce soir, on se fait à manger.
J2 – Merc. 11 sept. : Saint Lizier 746m – Aulus les Bains 783m : ciel bouché, il pleut et neige annoncé à partir de 1600 m ! Montée difficile (raide) jusqu’à la station de ski de Guzet. On picnic au pied des remontées mécaniques, très froid mais il ne neige pas.Puis longue descente sur Aulus par la cascade du Fouillet. Mes chaussures accrochent peu et je joue un peu les équilibristes sur la roche humide. Jolie fin de parcours sous le soleil qui filtre à travers la forêt épaisse.
Nous préférons l’Hôtel les Ousaillès au gîte le Presbytère, mais je ne suis pas sûr d’avoir fait le bon choix. L’accueil du patron est très austère, le village peu riant mais le soir, le restau La Goulue rattrape un peu le tout.
J3 – Jeudi 12 sept. : Aulus les Bains 783m – Etang de Bassiès 1660m : Il ne pleut pas, petit déjeuner à l’extérieur devant la supérette, bananes, yaourt, café… Jolies vues depuis le Port de Saleix. Longue montée jusqu’à l’étang d’Alate à 1900m où l’on se rafraîchit les pieds sous un soleil bien généreux. Puis descente délicate en fin de journée, sur le superbe refuge des Etangs de Bassiès. Belle zone humide dans un joli décor. Christian dit « Orangina » est un passionné de montagne et de trail, il a fait la diagonale du fou à la Réunion. Excellent repas et très bonne ambiance.
J4 – Ven. 13 sept. : Etang de Bassiès 1660m – Goulier 1100m : A Mounicou, le gîte ne fait pas à manger et on décide de ralier Goulier et ainsi de gagner une étape. Très longue descente jusqu’à Auzat puis montée bien ariégeoise (raide) jusqu’au village d’Olbier puis celui de GOULIER. Le village est sévère, gris et endormi. On s’installe au Relais d’Andron (Gîte d’étape) Le patron n’a pas le sourire mais il n’est pas antipathique. Après une bonne douche, on part se dégourdir les jambes dans le village à la recherche d’une alimentation. Le village ne compte que 25 résidents, pas de transports en public, pas de commerce, aussi la solidarité entre habitants joue à fond et une dame nous conduit en voiture à Vicdessos où elle doit remettre une lettre. La descente en voiture est très très belle. Elle nous apprend beaucoup sur la vie dans ce village où elle s’est installée il y a 3 ans.
Le soir, excellent repas que nous partageons avec un ancien postier venu passer une semaine de vacances en « rando-tourisme » dit-il.
J5 – Sam. 14 sept. : Goulier 1100m – Siguer 762m : très belle montée par de beaux sentiers jusqu’au refuge non gardé de Grail 1485m quel luxe !! On y croise un marcheur qui traverse les Pyrénées puis on descend sur le joli petit village de LERCOUL. Picnic sur la place à côté de la fontaine. Puis on descend encore sur le village de SIGUER …
Flo termine sa rando, tout c’est bien passé; elle est contente de voir que je peux avancer sans coach !! à regret elle doit rentrer sur Bordeaux.
En stop, il nous faut 4 heures et 6 voitures pour rejoindre la voiture laissée à Salau. Je refais un essai des chaussures quasi neuves laissées dans le coffre. Essai peu concluant, la douleur se réveille à nouveau ??? On repasse une nuit au gîte de Rouze tenu par un Holandais et un Allemand.
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.C ki ka l’air cool ?
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J6 – Dim. 15 sept. : Siguer 762m – Cabane de Clarans 1093m : Flo me dépose à Siguer exactement là où on était arrivé la veille à pied. Le passage du Port de LERS est très beau. La route est sinueuse et longue. Je quitte Flo et je commencer enfin à marcher à 10h30. Très grosse montée verticale jusqu’au village de Gestiès où je prends 1.5 litres d’eau que m’offre un habitant car il n’a pas confiance dans l’eau du robinet ?? Longue journée en solo, le Pla de Montcamp n’en finit pas, je passe les cabanes de Courtal Marti très propre, puis celle de Balledreyt aménagé par des scouts et bien approvisionnée en nourriture. Descente délicate en fin de journée dans une forêt sombre, j’arrive vers 19h30 à la Cabane de Clarans, cachée dans les bois. J’y retrouve la Française Cindy et son ami Allemand Daniel que nous avions rencontré à Saint Lizier au refuge opéra. Je ne sais pas si le courant passe entre eux deux mais pour une nuit en amoureux, c’est râpé. A défaut de douche chaude, je me baigne au petit ruisseau et Daniel allume un feu de cheminée sans papier avec des fougères quasi sèches.
Nous allons pouvoir passer à table. Car la cabane est bien aménagée, il y a des provisions qu’il faudra régler au refuge suivant : pâtes, soupe, barre céréales, crème MontBlanc, et oui !!
Il y a aussi un réchaud, mais j’ai la flemme de cuisiner, alors pain fromage et saucisson suivi de 2 crèmes MontBlanc au chocolat.
Ensuite on range nos sacs et la nourriture dans des malles bien fermées car deux loirs rodent au plafond.
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J7 – Lun. 16 sept. : Cabane de Clarans 1093m – Refuge du RHULE 2185m : après une excellente nuit, les loirs ne nous ont pas embêté, je repars vers 8h00, 10 minutes avant Cindy et Daniel qui me rattrapent facilement dès la première côte raide. Eh oui, nous sommes en Ariège et les côtes ont ici une saveur particulière, fort pourcentage et lacets serrés.
Passons la cabane Artaran, prenons de l’eau à une source, traversons le plateau de Bielle, je repars avant eux car ils ont capté du réseau et ils s’attardent sur Internet. Plus tard ils me rattrapent et on picnic au col des Finestres à 2000m.
Ensuite très beau parcours par des crêtes jusqu’au Refuge du RHULE 2185m. un vrai refuge de montagne comme celui des étangs de Bassiès. 16h30, un peu de lessive car il fait beau, et à 17h orage et pluie, un couple de Belges arrivent trempés, ils ont pris l’orage, la grêle et la pluie et ils ont le sourire heureux d’un chien dans un jeu de quilles. Venus du plat pays ils ont choisi direct la haute montagne !!!
Bonne ambiance le soir !
« Mon pied droit est jaloux de mon pied gauche
Quand l’un avance, l’autre veut le dépasser
Et moi, comme un imbécile, je marche. »
Raymond DEVOS …. le Belge a de l’humour !
J8 – Mardi 17 sept. : Refuge du RHULE 2185m – L’Hospitalet 1430m :
N’ayant pas d’obligation à suivre le GR10, ni à passer par Merens les Vals, je choisis de passer par la HRP pour rejoindre l’Hospitalet près l’Andorre. Daniel s’accorde un jour de repos avant de partir pour Merens et rentrer en train en Allemagne. Cindy décide de m’accompagner car elle est pressée de rejoindre le village de Py où elle a un rendez vous important. Le sentier est très très beau, de la haute montagne, de beaux lacs et descente sous un ciel qui se couvre vers le petit village de bord de nationale sans aucun intérêt apparent : l’Hospitalet près l’Andorre en bordure de la Nationale 20. Le gîte est ouvert, nous sommes les deux seuls randonneurs, on dîne à l’hôtel d’à côté, repas correct.
J9 – Merc. 18 sept. : L’Hospitalet 1430m – Refuge des Bézines 2106m : 9° jour, j’arrive à 11h30 par un très beau sentier au refuge des Bézines, et comme il fait très beau, je m’accorde une demie journée de repos. Gardien peu avenant (décidément c’est une constante en Ariège) seul au refuge, je fais ma lessive, et une heure plus tard, le temps change radicalement, orage, grêle, pluie. L’orage de grêle a blanchi le sommet des montagnes, il fait froid et peu à peu une dizaine de randonneurs s’abritent au refuge. J’ai bien fait de ne pas continuer.
J10 – Jeudi 19 sept. : Refuge des Bézines 2106m – Bolquère 2005m : très longue étape, une dernière montée bien difficile et passé le col d’Anyel je quitte l’Ariège et je me retrouve enfin dans les Pyrénées Occidentales, les PO. Moins de forêts et des reliefs moins abrupts. Je vois mes 2 premiers isards, un vol de canards sauvages, encore 2 isards, 2 marmottes bien dodues et enfin un blaireau ! quelle journée. Je passe la cabane du Rouzet au confort très sommaire, je dépanne un jeune qui a des ampoules au pied, et j’arrive au barrage des Bouillouses vers 13h30, grosse pluie mais je mange au sec devant l’office du tourisme, toilettes, eau et je réserve à l’auberge de Bolquère que l’on m’a conseillé. Encore une douzaine de km et j’arrive dans cette bonne auberge, patron accueillant et bonne cuisine familiale. Je refais le plein à l’alimentation du village. Bolquère est plus actif l’hiver avec le ski.
J11 – Ven. 20 sept. : Bolquère – Raz de la Carança 1836m : encore une très dure journée jusqu’au col de Mitja. Je passe les petits villages de La Perche, La Cabanasse, Planes. Joli balade en forêt jusqu’à la Cabane de l’Orri où je picnic à côté du berger. Orri signifie abri traditionnel en grosses pierres où se réfugie le berger. Le berger me donne qqs conseils pour ne pas rater la source près du col de Mitja. Très longue montée jusqu’au col de Mitja (la cabane d’Aixeques ne mérite pas un bivouac) puis longue descente par les lacets d’une piste forestière pour éviter le chemin cassant du GR10. D’autant que les nuages blancs se sont bien installés. Et soudain le refuge du Ras de la Carança au milieu d’une prairie où paissent des chevaux et des vaches. Les toilettes sont à 50 m du refuge et bien gardées par les vaches, et un peu plus loin, la maison du berger, un joli orri recouvert d’herbe..
Le refuge est simple et l’accueil très cool, un seul dortoir à l’étage, pas d’électricité donc pas de recharge des portables, repas du soir à la bougie et ensuite en avant les frontales. Pas de douche donc on se lave au tuyau d’eau froide-glacée installé au dessus de la rivière.
Un homme des bois sort de la forêt un fardeau de bois sec sur le dos, il mange des herbes sauvages, allume un feu de bois et cuit des champignons qu’il nous propose. Il n’a pas dit un traite mot , et ne répond pas si on lui parle. C’est un des permanents du refuge qui rode son numéro de mime. Demi pension à 33 € – la moins chère de la traversée.
J’y rencontre Hanna et Sebastien un couple d’étudiants Allemands qui ont commencé à Merens les Vals, ils campent, se cuisinent leurs repas et vont vers Banyuls. Bravo !
J12 – Sam. 21 sept. : Raz de la Carança 1836m – Py 1033m : Temps pluvieux, venteux et frais. Vers 11h30 à la cabane de l’Alemany, je picnic auprès d’un feu de cheminée allumé par Hanna une Bretonne sympathique de 30 ans qui vit en Ariège. Elle traverse les Pyrénées avec son chien et elle cavale légèrement malgré son sac de 19 kg. Elle va vers Banyuls. Je continue seul sur Mantet 1600m, dernier village de France à avoir été raccordé au réseau électrique. Je rentre dans l’unique bar car il y a du monde qui regarde un ordi portable sur un tabouret : la 2° mi-temps du match Nouvelle Zélande – Afrique du Sud en coupe du monde de rugby au Japon. Ambiance !!
14h00, je repars vers Py. Bonne côte puis longue descente en sous-bois jusqu’à ce joli petit village de PY à 1033m. Je dors au gîte du Cantapoc tenu par Delphine bien plus sympathique que le gars qui lui a repris la gestion de l’auberge de Py. J’ai le dortoir, cuisine, douche et WC pour moi tout seul pour 18€ car je suis le seul randonneur ce soir là. Le soir excellent repas à l’auberge. Je me souviendrai longtemps de cette délicieuse crème catalane … une nuit et une matinée pour la digérer !!
J13 – Dim. 22 sept. : Py 1033m – refuge des Cortalets 2150m : Petit déj à 7h00, départ à 7h45, beau temps, et très belle montée jusqu’au refuge de Mariailles. 11h30, la gardienne une Catalane du sud, m’explique les 3 sentiers possibles pour aller au refuge des Cortalets. Je choisit celui des crêtes du Barbet 2680m, plus court, 5 heures tout de même, il permet de prendre de jolies photos du Canigou 2784 m. sans avoir à passer par le sommet. Sur le sentier, après la cabane Arago où dormiront ceux qui veulent monter au Canigou pour le lever du soleil, je suis absolument seul et les nuages montent. Tout en haut, grandiose, il fait froid et le Canigou se cache à moitié derrière un nuage, dommage pour la photo. 17h15, arrivée au refuge juste avant la pluie. ouf ! Grosse journée de 26 km et 1750 m de dénivelé positif.
J14 – Lun. 23 sept. : Ref. des Cortalets 2150m – Ref de Batère 1460m :
vers 6h45, j’ouvre le volet et oh surprise joli lever de soleil sur un horizon rougeoyant et une petite ville illuminée ??? Après vérification, il s’agit bien de la Méditerranée ! pincement au cœur, la ligne d’arrivée approche.
Aujourd’hui petite journée de 17 km par un très beau sentier qui emprunte les balcons du Pinatel. Hanna la Bretonne me passe guillerette avec son chien. Je ne m’accroche pas, fini la compet, je n’ai qu’un but : terminer cette année et éviter la blessure. Bon picnic à la cabane de l’Estanyol avec eau de source captée.
15h30 arrivée au refuge de Batère, douche, bière avec Andrew, l’Australien de Perth qui en avale deux. Le bâtiment est triste mais l’ambiance et le repas sont excellents. Les gérants sont un couple sympa de l’Aude avec deux petits enfants.
J15 – Mar. 24 sept. : Ref de Batère 1460m – EcoGîte du Moulin de la Palette 650m :
Longue descente par un sentier caillouteux jusqu’à la petite ville d’Arles sur Tech à 300m à peine au dessus du niveau de la mer. C’est riant et busy, rien à voir avec les villages tristes et endormis de l’Ariège. Nous sommes dans le Midi. Approvisionnement, coups de fil à Flo et à Romain, ballade touristique en ville puis picnic à côté de la salle polyvalente d’où repart le GR10. Picnic énorme : 2 yaourth, avocat, tomate, …. tout ce qui manque en refuge. Il fait chaud et la montée du col du Paracolls est imbuvable: de la roche calcaire, irrégulière, tordue et très abrupt. Je sue tout ce que je bois. Mais je gère et j’avale les 600m de dénivelé à l’heure la plus chaude. Vers 17 h arrivée au Moulin de la Palette, très jolie maison particulière bien située. J’ai le dortoir ensoleillé pour moi tout seul, repas végétarien puis Sébastien et Hanna arrivent et plantent leur tente. Excellente nuit, grand silence et ciel étoilé.
J16 – Merc. 25 sept. : Gîte du Moulin de la Palette – Las Illas 536m : Le gérant me donne des infos pour éviter le GR10 et passer par un sentier non balisé plein sud jusqu’à la frontière, puis par les crêtes sur la ligne frontière jusqu’au col del Pou. Puis incursion en Espagne par le refuge des Salines et je rejoins la France au Puig des Faig. Puis la route de la Retirada (fév. 1939) et le chemin des Trabucayres et le col de LI pour finir au petit village de las Illas.
Les Trabucayres sont des bandits de grands chemins qui terrorisaient le Vallespir vers 1840. On les nommait Trabucayres car ils étaient armés de trabucs (tromblons ou arme à feu que l’on chargeait par la bouche). Ces bandits avaient établi leur quartier général à Las Illas, en raison de sa proximité avec la frontière espagnole et de son habitude de la contrebande.
La Retirada, du mot « retraite » en espagnol et catalan, est l’exode des réfugiés espagnols de la guerre civile. À partir de février 1939, ce sont plus de 450 000 républicains qui franchissent la frontière franco-espagnole à la suite de la chute de la Seconde République espagnole et de la victoire du général Franco.
Très bonne ambiance et repas le soir à l’hôtel des Trabucayres où est servi le repas.
Iñigo, 53 ans, basque de Durango va mieux depuis que sa femme l’a rejoint depuis le Perthuis.
Bien plus efficace qu’un médicament, il en est à son 20° jour de traversée par la HRP.
J17 – Jeudi 26 sept. : Las Illas 536m – Col de l’Ouillat 936m :
Iñigo me propose de faire l’étape avec lui, il s’adapte à mon allure et nous passons une très bonne journée. Sur la photo ci-dessus, on peut voir comment certains chênes liège ont été dépouillés de leur liège.
Il m’apprend un proverbe basque : « Non gogoa, han zangoa » – Où vont tes pensées, vont tes pas
Arrivée assez tôt au Chalet de l’Albère au Col de l’Ouillat où la vue est superbe.
Je fais une petite lessive T-shirt, slip et chaussettes car demain sera la dernière étape et autant que ce soit dans les meilleures conditions !
Le soir repas en terrasse avec vue sur le Canigou, les randonneurs qui vont sur Banyuls ont la banane car c’est la fin de leur traversée. Un gars la trentaine environ arrive vers 19h30, il vient de parcourir 65 km et le dénivelé qui va avec (sans doute +3000) en à peine 10 heures. On découvre plus tard qu’il est gardien de refuge au Ras de la Carança ! Bravo !
coucher de soleil sur le Canigou, au fond à droite
J18 – Ven. 27 sept. : Col de l’Ouillat 936m – Banyuls sur Mer 0m : petit déj à 7h15 avec Youn, le gardien du Ras de la Carança, et c’est parti pour un grand jour. Qu’il faut finir bien !
bonne côte jusqu’au Pic Neulos, puis le refuge de la Tanyareda, et aucune source ni ruisseau jusqu’au Pic de Sailfort. Là je me planque derrière un gros amas de rochers pour picniquer à l’ombre avec vue sur la côte et Banyuls sur Mer. A peine assis, Sébastien et Hanna me rejoignent et me dépannent d’un demi litre d’eau car je suis presqu’à sec. ouf !
Le soleil cogne, les 10 derniers km sont très longs, car le sentier est mauvais, au soleil sans vent et sans intérêt. Une maigre source coule juste après le col des Gascons sur le GR10. Fallait pas la rater. Vers 16h00 après le dédale des rues de Banyuls, je me pose sur la plage. Je tombe les chaussures et chaussettes et je patiente une petite demie heure, le temps que le corps retrouve une température normale et puis …. plouf dans la Méditerranée !!
elle est bonne, je nage pendant 20 bonnes minutes sans ressentir de fatigue particulière.
La victoire efface la fatigue.
Cindy arrive avec deux autres randonneurs.
Hanna et Sébastien arrivent un peu plus tard et prennent un bain mérité.
Je repars chercher un hôtel, une bonne douche, et ensuite une petite marche au bord de l’eau lentement et sans sac. Je plane, et profite d’une douce euphorie. Bon petit resto Els Amics (les amis) et au lit à 21h car le lendemain grosse journée de train et bus pour rentrer à la maison et retrouver Flo.
En résumé :
2016 : de Hendaye au Pic du Midi d’Ossau (Caillou de Socques)….. 12 jours
2017 : Ossau à Vielha (Conangles) … 10 jours
2018 : Conangles à Salau (Ariège) …. 7 jours
2019 : de Salau à Banyuls sur Mer …. 18 jours de suite (sans jour de repos)
Soit 47 jours de marche pour 900 km de traversée et environ 50.000 m de dénivelé positif.
Soit une moyenne quotidienne de 20 km et 1000 m de dénivelé positif et autant de négatif car Hendaye et Banyuls sont au niveau de la mer.
Pour réussir cette traversée, il faut :
– un sac pas trop lourd, le mien oscillait entre 10 et 12.5 kg selon l’eau et la nourriture chargée. Je ne portais pas de tente.
– des chaussures de marche montantes pour les chevilles et une bonne semelle pour ne pas sentir les cailloux
– des bâtons pour économiser les cuisses dans les montées et les genoux dans les descentes et pour pousser les vaches et se défendre contre l’ours !!
– une bonne forme physique sans être un champion
– et surtout un gros mental : volonté et persévérance.
En conclusion : J’ai adoré la beauté sauvage des paysages Pyrénéens, la nature, les animaux que l’on croise de très près (vaches, chevaux..) ou d’un peu plus loin (marmottes, isards, loirs, gypaètes …)
J’ai aimé ne rencontrer que 3 ou 4 personnes dans la journée : un berger ou un vacher peu loquaces, un habitant et un ou deux marcheurs puis les arrivées au refuge après de nombreuses heures de marche, les repas que l’on dévore dans la bonne humeur…. qqs fois aussi on se barbe en écoutant les exploit d’untel qui a gravi tous les sommets les plus difficiles. Mais on l’écoute par politesse, pour ne pas lui gâcher sa journée.
J’ai adoré couper de la ville, des embouteillages, du bruit, de la foule.
J’ai adoré marcher avec Flo, puis marcher seul en silence dans une nature qui jamais ne m’angoisse même si je presse le pas quand l’orage approche.
J’ai pris plaisir à partager un bout de chemin avec des randonneurs venus d’autres coins de France, d’Europe et même d’Asie et d’Amérique. L’entraide est naturelle et de rigueur en montagne. Le Basque et le Catalan n’hésitent plus à utiliser l’espagnol, le français ou l’anglais pour communiquer (oublié les querelles politiques).
J’ai adoré retrouver Flo après cette très belle aventure.
Il me faudra quelques jours pour me réadapter à notre vie citadine.
A la prochaine …
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